06/06/2025
J’ai cet ami qui part souvent à vélo. Il roule, jusqu’à ce qu’il arrive à un endroit jamais vu auparavant. Un jour, je lui demande s’il travaille sur une carte. Il me dit qu’il n’y a jamais vraiment pensé. Pendant toute la durée d’une ballade, il s’oublie. Il s’oublie et ce jusqu’à ce qu’il arrive à un nouvel endroit. Ça me fatigue. Récemment, je me suis souvenu de l’ancien appartement. Celui que j’avais laissé partir. Avec ses grands espaces, son mobilier d’époque. La cage d’escalier. Me voilà, faisant semblant de tout savoir, inventant une posture, un mode de vie. J’habite l’endroit où personne ne me comprend. Je suis lassé de recommencer. Un autre ami me dit que la discipline surpassera toujours la motivation. Si tu fais exprès de chuter, peux-tu vraiment accuser qui que ce soit ? Peut-être que je devrais arrêter de lui parler. Je pense à quelque chose. Une plage un peu sale, quelques détritus. J’essaye de penser comme lui. Sa manière de fonctionner a toujours été d’oublier, momentanément, son environnement. De flouter sa présence. À l’extérieur, de par l’intérieur. Comme un insecte, marchant au lointain, avec sa tête coupé. Les détritus se mettent à voltiger, dans les airs. Son vélo s’est cassé, il a en emprunté un autre. Il n’y a jamais eu de passion. Aucune motivation. Pas de discipline. Un cheval avec des branches attachés à son dos. Effaçant ses traces. Le feu d’un cierge magique, dans une bouteille. Sans eau. Peut-être que chaque trace conduit à son effacement ? Entre intention et reflet. J’ai l’impression qu’une recherche inlassable impliquant de dépasser les frontières d’un domaine est enviable. Voir nécessaire. Je ne peux pas me reposer sur mes compétences pour me protéger d’un rocher qui tombe. J’ai lu quelque part que la nature peindra toujours mieux que l’artiste. J’ai passé un été à creuser des trous, sur le terrain de mon ami. Je les ai reliés, mentalement. Il habite à environ 15 minutes de chez moi. Le chemin menant à sa maison est longet fatiguant, je ne le vois que peu. Mais parfois, je l’aperçois, à travers la lumière d’un lampadaire. Faisant la vaisselle, passant l’aspirateur. Il donne l’image d’une sirène, me faisant signe de le rejoindre. Sur le doux versant de l’éloignement, et de l’isolement. Je lui parle. J’ai cette idée, de vouloir être quelqu’un qui marche avec un but. Avoir un objectif me rend capable de continuer à avancer. Un pigeon s’approche de moi. J’aimerais bien pouvoir lui dire que je peux réussir. Que je suis capable d’emmener ma vie à un endroit où elle serait presque parfaite. Je grimpe sur le toit de mon immeuble. Je n’y vais jamais. Le vent souffle et hurle. Il y a quelque chose que le saint-esprit m’a fait. Quelque chose d’éternel. L’appartement a cessé d’avancer il y a longtemps. J’ai essayé de suivre les restes. Ce qui reste, pour ce qui reste. En suivant un chemin qui n’existait pas. Sans en créer un non plus. Je veux trouver une autre issue. L’autre issue. En utilisant les outils qui me sont données pour leurs propres usages. Je veux avoir un habitat. Quelqu’un m’avait dis que flâneur subsiste, car marcheur existe. J’ai souvent analysé les situations comme deux faces d’une même pièce. Alors j’ai embrassé cette phrase. D’un endroit à un autre. Regarder la mer avec une dizaine de personnes, sans vraiment parler. Il n’y a pas vraiment d’oiseaux, pas vraiment de vagues. Imaginer une scène en étant capable de se déplacer librement à l’intérieur. Une caméra volante. Les gens présents se mettent à faire de la lutte, tous ensemble. En criant et en rigolant. Quelqu’un essaye de dire à plusieurs personnes qu’il se sent mal. Elle là-bas, doit partir. Il attend trop longtemps. Elle reste. Je me repose sur mes compétences, je m’allonge sur elles. La façon dont je m’allonge, l’action de m’allonger. Grimper un rocher, petit à petit. Être debout sur une prise sans avoir vraiment confiance en elle. Continuer semble demandant. Et je n’arrive plus à me déplacer, à bouger. Je tremblote timidement. Je pourrais m’ennuyer, mais je n’ose pas le faire.